Crédit immobilier : les taux d’intérêt ont presque triplé en un an
Publié le 25/01/2023
L’Observatoire Crédit Logement a récemment publié des chiffres sur l’état du marché du prêt immobilier en France. Une étude qui en dit long sur la santé actuelle de l’octroi des crédits à l’acquisition en l’espace d’un an seulement, entre la hausse exponentielle des taux d’intérêt et les durées de prêt qui montent en flèche. Décryptage de ces nouvelles données !
Le blocage du crédit immobilier : des facteurs multiples
Au cours de l’année 2022, les réglementations entourant l’octroi des crédits immobiliers n’ont cessé de se rigidifier afin de prévenir toute situation de surendettement des ménages français. Tout d’abord avec la promulgation des normes HCSF qui ont limité à la fois le taux d’endettement à 35 % (assurance emprunteur comprise) et la durée des prêts à 25 ans. À cela s’ajoute la limite du taux d’usure, taux d’intérêt plafond au-delà duquel les banques ne peuvent plus prêter, sous peine de s’exposer à des sanctions pénales. Si ces règles préventives demeurent efficaces et responsables en temps normal, elles ont un effet plus pervers en période de forte inflation comme la nôtre.
La récente étude de Crédit Logement montre clairement une remontée fulgurante des taux d’emprunts immobiliers. En décembre 2021, la moyenne des taux était encore à 1,06 % contre 2,34 % en décembre 2022. Des valeurs qui ont plus que doublé en l’espace d’une seule année, grippant ainsi le mécanisme de la production des crédits, puisque le calcul du taux d’usure, emprunté sur les taux du trimestre précédent, n’est pas capable d’absorber la vitesse de l’inflation.
Autre facteur aggravant, les durées de crédits immobiliers vont croissant. La moyenne est à présent à 21 ans ; or, la limite imposée par les instances financières demeure à 25 ans. Les ménages ne peuvent faire autrement que de s’endetter sur un plus grand nombre d’années s’ils veulent réduire leur taux d’endettement ou la valeur des taux d’intérêt, puisque les prix de l’immobilier n’ont pas encore entamé leur descente pour équilibrer le marché.
En conséquence directe, il est possible d’observer que le nombre des crédits immobiliers a chuté de presque 20 % au cours de l’année 2022. Les premiers pénalisés par cette situation sont les primo-accédants dont l’apport n’est généralement pas assez suffisant et qui sont forcés de rester coincés dans de la location plutôt que d’envisager un véritable projet immobilier d’achat.
Le calcul du taux d’usure révisé par le gouvernement
Pour répondre à la problématique du blocage du crédit immobilier, le ministère de l’Économie a enfin décidé de réagir après les nombreux appels à l’aide des professionnels du prêt. Le 20 janvier, il a été annoncé par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, que le calcul du taux d’usure sera modifié du 1er février au 1er juillet 2023. Plutôt que d’être calculé tous les trimestres, le taux d’usure sera calculé mensuellement. Le résultat espéré devrait permettre aux taux d’emprunt de ne pas trop talonner les taux d’usure pratiqués et libérer certains financements du joug de ce taux plafond.
Une décision particulièrement bienvenue pour débloquer, au moins partiellement, la situation du crédit immobilier et permettre aux particuliers d’accéder à la propriété.